Archimag a eu la bonne idée de sortir une nouvelle version de son guide pratique consacré à la veille (le précédent était sorti en 2013 et j’avais eu le plaisir d’y rédiger l’article introductif « La veille dans un environnement numérique mouvant« ).
Je me propose ici de zoomer sur quelques articles qui ont particulièrement retenu mon attention.
On trouve en introduction de cette nouvelle mouture un article de Jérôme Bondu (p. 4) évoquant notamment les risques que les GAFAM font courir à notre vie privée, article qui vient dans la lignée de l’ouvrage qu’il vient de publier, « Maîtrisez internet … avant qu’internet ne vous maîtrise ! » .
Archimag a mené ces derniers mois une enquête sur les pratiques de veille auprès de plus de 300 professionnels de l’information, résumée ici en 3 pages et en une infographie (p. 7) par Eric Le Ven (journaliste à Archimag). Sans trop en dévoiler on y apprend des choses surprenantes (ou pas) :
- Surprenant : « rares sont ceux qui avouent « très bien » maîtriser le sujet. Et ce, quel que soit le type de veille. Sans surprise, c’est toutefois la veille média qui apparaît comme la plus connue et la mieux maîtrisée. Et encore, seuls 49 % des sondés disent être familiers avec le sujet. 41 % ne le sont qu’à peu près. »
- Pas surprenant : « En matière d’outils, sans surprise, la grande majorité des veilleurs utilisent des outils gratuits, à 71 %. Toutefois, un sur deux utilise également des outils payants. Il existe donc un réel mix entre outils gratuits et payants. Il s’agit cependant le plus souvent des versions premium ou pro d’outils d’abord gratuits comme Inoreader et Feedly. »
- Surprenant : Concernant la veille sur les médias sociaux : « Les professionnels de l’information sont plus réticents que les autres face aux réseaux sociaux. Beaucoup ont peur d’être noyés sous un flot ininterrompu d’informations, d’autres craignent leur manque de fiabilité et finalement n’intègrent pas les réseaux sociaux dans leur veille. Seule la moitié des sondés le font pleinement.La situation ne devrait pas beaucoup évoluer au cours des années qui viennent, puisque seuls 40 % des sondés envisagent de l’intégrer davantage. »
Si la question des outils gratuits ne me pose pas de problème, ce dernier point en revanche m’inquiète. Non qu’il faille faire de la veille sur les médias sociaux pour le plaisir d’en faire mais encore faut-il vraiment essayer, en utilisant toutes les astuces et outils proposés sur ce blog et ailleurs. Faire un test grandeur nature de trois mois minimum est la seule manière de se rendre compte s’il est possible d’en tirer parti et je m’inquiète que de nombreux veilleurs aient souvent un train de retard. C’était déjà le cas avec les blogs qui, même après plusieurs années d’existence, n’étaient souvent pas considérés comme des sources utiles d’information alors que de nombreux chercheurs, experts, consultants spécialisés y partageaient (y partagent toujours) des réflexions et contenus d’une grande richesse. Seule une veille métier active, une « veille sur la veille « , peut permettre d’éviter ce décalage mortifère.
Un article de Nicolas Moinet se penche sur les Fake news (p. 14). En voici la conclusion éclairante : « les fake news ne sont que l’arbre qui cache la forêt de l’ignorance de celui qui croit savoir, un homme dangereux pour lui-même et dangereux pour les autres. Une faille que saura bien entendu exploiter son adversaire. »
L’article de Véronique Mesguich (p. 21) détaille les avantages qu’il y a à exploiter des bases de données (essentiellement payantes) dans un processus de veille. L’un d’entre eux est qu’ « on y trouve des contenus « de première main », à valeur ajoutée et fiables, élaborés en amont par des producteurs qualifiés : analystes de marché, chercheurs, journalistes, experts en géopolitique…« . Encore faut-il avoir le budget pour y accéder, ce qui n’est que rarement le cas dans les services de veille (cf. l’enquête citée plus haut).
J’en profite au passage pour signaler l’excellent ouvrage que Véronique a publié cette année chez De Boeck Supérieur, « Rechercher l’information stratégique sur le web« .
Didier Frochot propose un article bienvenu dans lequel il rappelle très clairement ce qu’un veilleur a le droit de faire subir (ou pas) au droit d’auteur.
Dans un article de deux pages, Corinne Dupin revient sur les techniques permettant de valoriser un service de veille. Parmi les bons conseils qu’elle donne : « « Chaperonner » ses livrables
jusqu’à une réunion, un comité de pilotage de projet ou un comité de direction présente le double avantage de s’assurer que l’information est passée et de capter en direct les effets de la nouvelle. »
L’article de Bruno Texier, un des journalistes d’Archimag, intitulé « #veille : comment trouver des pépites sur Twitter… » est très bien fait et donne en trois pages toutes les bases pour démarrer une veille sur ce réseau social.
Un second article de Véronique Mesguich (p. 46) dresse un intéressant panorama de ce que l’on met aujourd’hui derrière le vocable d’analyse (soit l’étape 3 du cycle de la veille), évoquant à la fois les compétences humaines et l’émergence du Big Data. J’en tire cet extrait qui me semble significatif de son discours : « L’avenir des professionnels de la veille consiste-t-il en un remplacement par des algorithmes ? Rien n’est moins sûr à ce jour, dans la mesure où certaines phases de la veille comme le sourcing et l’analyse ne peuvent être à l’heure actuelle entièrement automatisées. Parmi les compétences des veilleurs doivent figurer, au-delà de l’expertise classique des sources et des outils, des qualités d’empathie et d’intelligence émotionnelle.«
L’article suivant (p. 48), écrit par Béatrice Foenix-Riou, rentre dans les détails techniques pour expliquer comment proposer des veilles personnalisées à partir d’Inoreader et d’eLink.io.
Bruno Texier et Eric Le Ven signent ensuite un article intitulé « De l’impact de l’IA sur la veille » (p. 54) expliquant que « grâce à certaines technologies d’IA comme le data mining, le machine learning et le deep learning, il devient possible d’exploiter les données collectées en temps réel et de faire de l’analyse prédictive« . L’exemple donnée est celui du dispositif mis en place par la société Materne pour surveiller et analyser les avis des consommateurs sur ces produits dans le but de mieux réagir. On rentre ici dans une veille de type marketing qui sera à mon sens l’une des plus impactée par l’IA dans les années à venir.
Un article d’Eric Le Ven (p. 60) récapitule les caractéristiques principales d’une trentaine de solutions de veille (ou proposant des modules de veille) sous forme d’un tableau comparatif.
Pas de fausse modestie puisque vous trouverez également dans ce guide deux articles que j’ai signé.
Le premier (p. 41) vous explique dans le détail comment mettre en place une veille pour surveiller les vidéos diffusées sur Google Vidéos, Bing Vidéos, Yahoo Vidéos, mais aussi sur Youtube, Facebook et Twitter.
Le titre du second parle de lui-même « Outils gratuits et payants : le mix gagnant d’un système de veille » (p. 55). Comme vous vous en doutez pas de théorie ici mais un article dont le but est de vous aider à sélectionner les bons outils et à les articuler entre eux pour créer un dispositif efficace. J’en ai profité pour mettre à jour et détailler mon schéma intitulé « Points-clés d’un dispositif de veille » que les participants à mes formations connaissent bien puisqu’il me sert de plan.
Le Guide pratique se termine sur un petit quizz en 12 questions (pour voir si vous avez bien suivi) et je ne résiste pas au plaisir de reproduire celle-ci 🙂
Qui a dit : « Je ne crois jamais une statistique à moins de l’avoir moi-même falsifiée » ?
a. Nicolas Moinet
b. Laurence Parisot
c. Winston Churchill
Voilà, j’espère vous avoir donné envie de lire ce très riche « Guide pratique de la veille » à la fois stimulant et très…pratique (et non je ne touche pas de commission et ce n’est pas un article sponsorisé).
PS : merci à Marie-Pierre Vidonne (@VeilleOff) pour m’avoir rappellé que « décortiquage » s’écrivait en fait « décorticage » 🙂
J’ai lu et bien aimé ce numéro spécial.
Je vote: Corinne Dupin et Christophe Deschamps.
Vous avez été mes plus fins inspirateurs dans mon action.
Un peu de pommade ça fait du bien de temps en temps.
A + Christophe sur les ondes.